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Projet architectural

INOV-A-CAMPUS

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27/06/2023


Quels sont les enjeux, les objectifs du projet ?


Il y avait un vrai besoin d’ouverture de l’Institut, que chacun puisse partager son vécu et sa vision. Mais aussi d’ouverture vers l’extérieur, sur le territoire direct de l’IEF, auprès des entreprises, des élus, des institutions et associations. C’est la nouvelle dimension apportée par le projet : un Institut ouvert, sur et pour le territoire. On a clairement indiqué dans les enjeux du projet la volonté de maintenir et de porter les valeurs du Compagnonnage. C’est très fort et partagé par tous. Après, la question était : est-ce que la façon de porter ces valeurs est immuable ou bien c’est quelque chose qui peut s’ouvrir ? On est arrivé à la conclusion de cette ouverture vers les autres. Moderniser l’IEF tout en conservant les valeurs et l’âme compagnonniques.

Et puis il y avait la question du bien-être. Celui des étudiants comme des salariés. Il y a une question d’image derrière, si on veut attirer du monde, il faut qu’on montre que ça n’est pas qu’un régime d’études et de travail très exigeant. Il faut mettre à disposition les équipements et l’ambiance nécessaires à ses jeunes « déracinés » pour qu’ils passent un bon moment. On les a interrogés et la modernisation de l’Institut apparaît très clairement comme une nécessité. Il est question aussi d’amener plus de diversité, d’avoir des pratiques complémentaires plutôt tournées vers l’épanouissement personnel, autour peut-être d’activités sportives, culturelles ou artistiques. Si on veut des étudiants avec une tête bien faite, avec un savoir-faire et des compétences importantes, ça passe aussi par un petit pas de côté d’enrichissement personnel. C’est une expérience de vie. Le savoir-être a besoin de ce petit pas de côté pour permettre aux apprenants quand ils sortent de l’Institut d’avoir plusieurs cordes à leur arc. On le voit par exemple avec les Compagnons sur le chantier de Notre-Dame, il faut une solide culture de l’architecture ou de l’histoire de l’art.

Autre élément majeur, faire basculer l’Institut et le Compagnonnage dans la transition. Cette transition va être écologique, sociale et économique. C’est s’adapter au monde de demain, en commençant déjà par enseigner des techniques adaptées aux besoins et contraintes actuels et surtout avoir un temps d’avance. Au-delà de l’apprentissage, c’est aussi avoir des locaux qui ont une dimension « démonstration » dans leur façon d’être construits et de fonctionner. Notre objectif est d’avoir des bâtiments qui ne consomment pas d’énergie, qu’il y ait un équilibre entre production et consommation. On cherche à faire des bâtiments à très haute performance énergétique, bioclimatique et bas carbone. Des constructions passives seraient la cerise sur le gâteau. On sait le faire, mais aura-t-on la possibilité de le faire ? Il reste des incertitudes. La prise en compte de l’environnement dans lequel on se trouve c’est aussi la prise en compte de la biodiversité : assumer l’implantation d’habitat de faune sur le site par exemple, sans la forcer, mais en l’accompagnant.

Voilà principalement les enjeux, le lien qu’on essaye de faire entre la vie de l’Institut et sa représentation.


Quelles solutions d’aménagement proposez-vous ?


L’ergonomie et la fonctionnalité de l’IEF sont en question. On va distinguer parfaitement la fonction des deux sites : un lieu de vie jour et un lieu de vie nuit et week-end. Ça permet aussi de pouvoir mettre sur un même site l’ensemble des salariés. Là où c’était éclaté avant, on a un pôle unique en journée qui facilite les interactions entre les différents intervenants et les étudiants. On va privilégier l’aménagement de lieux de rassemblement pour le corps enseignant, d’espaces de détente, mais aussi un espace de rencontre, qu’on a appelé « forum ». L’entrée sur le nouveau site de jour est un point de passage dans lequel on va pouvoir se rassembler, accueillir, déjeuner, voire même enseigner, dans un amphithéâtre incorporé. L’idée c’est d’avoir des lieux ouverts où les gens se côtoient, c’est « la rotule » du nouveau campus. On va peaufiner cet espace avant le dessin en esquisse pour être sûr que les usages qui y sont associés sont bien attendus et les besoins à mettre en face également. C’est une grande nouveauté pour l’Institut.

 On a aussi essayé d’améliorer les temps de récupération. Là où les étudiants avaient plus d’une heure par jour de déplacement pour se restaurer, l’idée c’est qu’on puisse se restaurer sur les lieux d’activité et qu’on favorise aussi les déplacements non plus par navette, mais davantage en vélo, trottinette… ça créé une autre activité pour les apprenants et améliore leur temps de respiration. Sur la partie hébergement, on va du jeune de 15 ans à l’itinérant de 20 ans et plus. On travaille sur trois typologies différentes : pour les premières et deuxièmes années, un espace de confort assez encadré ; pas plus de quatre par chambre, avec des douches à proximité, avec des espaces d’intimité et de confidentialité dans les chambres. Pour les troisièmes années, qui sont déjà des pré-itinérants, on se rapproche d’un monde adulte, avec des chambres doubles, des espaces communs de type salon, en réfléchissant à une certaine forme d’autogestion. Enfin les itinérants auront un espace « coloc » qui respecte le cadre compagnonnique et s’inscrit dans une démarche d’échanges entre eux. L’idée est que la frontière entre les troisièmes années et les itinérants s’efface un peu. Avec peut-être des espaces mis en commun. Il y a une notion de parcours, on a une phase d’évolution au cours de la scolarité et on prépare à passer au cap d’après. Pour ce qui est du foyer, c’est pareil, on change de dimension, notamment sur la prise de responsabilité des jeunes dans la gestion, l’organisation. On prévoit des salles d’activités culturelles, de loisirs ou sportives qui n’existent pas aujourd’hui.

Les cours de sport et la restauration les soirs et week-ends seront toujours localisés sur le Lycée du Bois voisin. Le besoin de recréer des partenariats avec ce lycée a émergé ; ça passera par des projets de collaborations entre étudiants, des maquettes et peut-être par des formations supérieures, avec des écoles d’ingénieurs et d’architecture. Il pourrait y avoir des modules d’enseignement au sein de l’Institut ou au Lycée du Bois. On pense aux INSA, au CNAM. Trop souvent aujourd’hui ingénieurs et architectes ne connaissent pas les métiers du bâtiment ; l’idée est de décloisonner ces univers. Et de renforcer des formations partagées. Ce serait bien aussi d’envoyer des Compagnons dans ces écoles. Nous avons déjà accueilli des Compagnons en reconversion en architecture au cabinet et ce n’est pas la même approche, ils ne trouvent pas de passerelles entre leur savoir et ce qui est demandé en école d’architecture.


Quelques mots pour conclure ?


L’IEF doit conserver son statut de fer de lance des Compagnons. Je trouve que c’est une opportunité incroyable qu’il soit en milieu rural, parce qu’il s’y joue énormément de choses pour l’avenir ; et c’est de là que provient la matière première. En matière de développement des territoires, c’est bien de sortir un peu des métropoles, ça permet de favoriser la vie locale et aux étudiants de connaître un autre territoire. Deuxième point important, c’est le virage de la transition écologique, sociale, économique et culturelle que doit prendre l’Institut. Il y a la question des savoir-faire à intégrer dans cette transition, de la place des étudiants et de leur parcours, d’être un site exemplaire et démonstrateur… L’Institut peut servir de modèle pour demain.

Je veux citer enfin mon associé Rémi Carteron, très impliqué dans l’élaboration du projet, qui est l’architecte qui vient d’être mandaté pour réaliser l’opération.

www.atelier-zou.com

                                                                                               L'Atelier ZOU au complet


Article extrait du CMO 364 Juin 2023 – avec l’aimable accord de la Fédération Compagnonnique Nationale





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