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Gabriel Meireles, la noblesse d’un cœur bâti à la force des mains

Portraits

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01/07/2025

Il s’appelle Gabriel.

Un prénom limpide, solide, franc.

Il est maçon. Il est Compagnon du Tour de France.

Mais avant tout cela, il est un fils. Un fils de labeur, de silence, d’amour pudique et de gestes transmis sans un mot, mais avec tout le cœur.

 

Gabriel Meireles est né à Lyon, dans une maison où le béton ne se coulait pas que dans les fondations, mais dans les valeurs.

Son père, maçon indépendant, traçait sa vie comme un mur droit, pierre après pierre. Le grand-père, fidèle bâtisseur, veillait à la cadence. Et Gabriel, tout petit déjà, suivait. Pas à pas, outil en main, les mains dans la poussière, les yeux levés vers le chantier comme vers un monde en devenir. « J’aimais être dehors, faire des choses différentes. Chaque jour, c’était un défi nouveau. »

 

Dans cette enfance tissée de ciment et d’effort, la mère incarne un autre socle. Aide-soignante dans un service Alzheimer, elle donne, elle soutient, elle veille. Elle apporte la tendresse là où la mémoire s’efface. Dans le foyer Meireles, on agit, on protège, on aime.

 

Et pourtant, à l’école, Gabriel cherche sa place. Les bancs ne vibrent pas sous ses pas comme les planches d’un échafaudage. Jusqu’à ce que vienne une décision, comme un éclair dans une fin d’après-midi d’orage, à 15 ans, il choisit l’Institut Européen de Formation des Compagnons du Tour de France, à Mouchard. Là, enfin, tout prend sens. Les cours ne sont plus des obligations, ils deviennent des outils. Et son rêve prend forme, devenir un excellent maçon.

 

L’entrée à l’Institut est un baptême. Loin de chez lui, il découvre l’internat, les visages inconnus, la rigueur des journées rythmées, les mains calleuses le soir et les sourires francs du matin. « On est douze. On vient d’horizons différents. Mais on est tous dans la même barque. » Il s’y fait des amis. Des vrais. Des durables. Avec l’un d’eux, il fondera même plus tard son entreprise. Trois sont devenus Compagnons. La fraternité, ici, n’est pas un mot, c’est un filin qui tient les hommes debout.

 

Ce qu’il retient surtout de ces années, c’est la générosité des professeurs. Leur exigence. Leur présence. Leur foi dans les élèves. Ils ont su lui faire aimer l’école, en y mettant du sens, de l’humanité. L’internat, les repas partagés, les veillées, les maquettes, les éclats de rire dans les couloirs… Tout cela l’a formé. Pas seulement comme maçon, mais comme homme.

 

Et puis vient le temps du voyage. Le Tour de France. À Limoges d’abord, dans la rudesse du gros œuvre. Puis à Roanne, dans la finesse de la façade, dans l’intelligence de la rénovation. À 15 ans, il dit avoir eu l’impression d’en avoir 20. Il découvre le métier, mais aussi les autres. Il apprend la solitude, l’exigence de l’autonomie, la beauté des gestes répétés, le respect de ceux qui l’ont précédé. Il tourne cinq années. Et devient Compagnon du Tour de France. Son nom ? Lyonnais Noble Cœur de Vaulx-en-Velin. Et là encore, rien d’usurpé. Tout est vécu, mérité, éprouvé.

 

« Le Tour m’a apporté un métier, un savoir-vivre, un savoir-être. Et une boussole intérieure. »

La phrase est simple. Elle dit l’essentiel.

 

Aujourd’hui, Gabriel vit à Lyon. Il travaille dans l’entreprise d’un ancien élève de l’Institut. Mais surtout, deux jours par semaine, il revient à Mouchard, là où tout a commencé, pour former à son tour. Transmettre est un verbe qu’il conjugue avec respect. Il forme, il conseille, il écoute. Il parle d’humilité. Il parle de mérite. Il parle vrai. Les jeunes le regardent avec admiration, car en lui, tout est cohérent.

 

Être formateur, pour lui, c’est plus qu’un métier. C’est un engagement moral. C’est une main tendue. C’est une confiance reçue et rendue. « Les familles nous confient leurs enfants. À nous d’être dignes. » Il parle aussi d’avenir. De transmission. Il évoque le réseau des Anciens : fragile encore, mais prometteur.

 

Et quand on lui demande ce qu’il dirait à un jeune, il ne théorise pas. Il livre des convictions simples :

« Trouve un rêve. Donne-toi les moyens. Travaille. Ne lâche rien. Et surtout, reste humble. »

 

Le métier manuel, dit-il, est noble. Il est beau. Il est juste. Il faut s’en méfier seulement quand on le méprise. Car c’est lui qui façonne le monde. Et parfois même, qui le relève.

 

Gabriel est de ce courant rare de bâtisseurs discrets. Ceux dont la parole pèse parce qu’elle repose sur l’expérience. Ceux dont la présence répare. À son contact, on se redresse un peu. On croit à nouveau que les valeurs ont un sens. Et que le mot travail peut encore être synonyme d’épanouissement, de dignité et de grandeur.

 

Gabriel Meireles est une belle personne.

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