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Julien FOURNIER

Portraits

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26/03/2025

De Cournon à la Canopée, l'ascension de Julien Fournier


Julien Fournier, originaire de Cournon, près de Clermont-Ferrand, semblait destiné à une existence ordinaire, loin des chantiers et des échafaudages. Sa mère, fonctionnaire, et son père, employé au journal La Montagne, n'auraient jamais imaginé que leur fils trouverait sa vocation parmi les charpentes et les toitures. Pour Julien, les salles de cours étaient une suite interminable de journées ternes, dépourvues de passion. Il envisageait une carrière militaire, à la recherche d’un nouveau cadre avec une discipline rigoureuse, semblable à celle que le compagnonnage lui offrirait plus tard.


C'est en classe de 3ᵉ d'insertion que le destin de Julien prit un tournant inattendu. Un stage en menuiserie le laissa insatisfait, mais les charpentiers de l'entreprise, voyant que l'ennui le gagnait, lui proposèrent de sortir prendre l'air sur un chantier et de découvrir le métier de charpentier. Dès sa première journée à leurs côtés, une révélation s'imposa : travailler en plein air, manipuler des pièces imposantes, ressentir une fatigue physique authentique en fin de journée. Il confia plus tard : « Je suis tombé amoureux de ce métier comme cela. » Le bois, matériau noble, résonnait en lui comme une évidence.


Sa grand-mère, attentive à sa passion naissante, l'emmena découvrir des expositions de compagnons. D'abord intimidé par la complexité perçue, Julien hésitait. Mais, sous l'impulsion de sa grand-mère, il s'inscrivit à l’Association et à la Fédération. Son choix initial se portait sur l’Association, mais sa grand-mère le guida vers le lycée des Compagnons à Mouchard. 

En 1997, il intégra l'Institut et découvrit un environnement exigeant. Il se souvient de la première réunion, un débriefing mémorable, où l'on sent immédiatement qu'il ne faudra pas faire l'idiot.


Les années à l'Institut furent marquées par des souvenirs impérissables. Les professeurs, bien que stricts, faisaient preuve d'une bienveillance certaine. Avant leur premier départ en entreprise chez les compagnons, Daniel Dupé leur dit : « Ne vous inquiétez pas si les Compagnons ne vous font pas de compliments, si déjà ils ne vous disent rien, c’est que ça se passe bien. » L'ambiance de travail était exigeante, un peu rugueuse mais toujours bienveillante. Les ateliers dans la cour, même par temps froid, restent gravés dans sa mémoire. La mixité des régions à l'internat lui a permis de découvrir différents accents et attitudes, enrichissant ainsi son expérience personnelle. Il a également noué des amitiés durables, notamment avec Harold Cavene, aujourd'hui formateur à l'Institut.


Après son CAP, Julien poursuivit avec un bac pro à Mouchard. Il effectua son Tour de France, passant par Paris, Grenoble, Millau, Orléans, Lyon et Bordeaux, et obtint un BP. En 2001, il acquit son premier ordinateur portable, installa AutoCAD et découvrit le tracé de charpente en 3D. Après son Tour de France, il reprit des études et obtint une licence Professionnelle Bois Construction à Bordeaux, période durant laquelle il rencontra son épouse. Il travailla comme technicien bureau d'étude pendant 9 ans. En 2013, il créa son premier bureau d'étude en tant qu'ingénieur structure. Depuis, il a fondé trois sociétés : Mon Projet Bois à Bordeaux, BET HEMERY à Limoges et ETUDES STRUCTURES à Montréal au Canada. Aujourd'hui, il dirige 22 ingénieurs spécialisés principalement dans le bois, mais également dans le béton et le métal. Toujours en quête de perfectionnement, il suit de nombreuses formations en gestion d'entreprise, comptabilité, management et marketing, et est en cours de validation d'une VAE pour obtenir le titre d'ingénieur. Julien se projette dans l'avenir avec une collaboration innovante avec Dassault, visant à intégrer l'intelligence artificielle pour accélérer le dessin 3D, les calculs et le respect de la législation. Il souligne que le fait de ne pas être bon à l'école lui a permis de développer d'autres aptitudes, comme l'observation, la communication et la compréhension, qu'il a su exploiter au mieux. Bien qu'il n'ait pas suivi le parcours traditionnel, il constate que cela fonctionne pour lui.


Julien a tout fait pour que son fils Thibault ne suive pas la voie de la charpente, restant discret sur son métier. Le premier stage de Thibault en cuisine s'est mal passé, mais le second en charpente, chez un ami de Julien, a été une révélation pour lui. Julien a fortement insisté en choisissant l'Institut pour la formation de son fils, convaincu que c'était la meilleure école, bien que l'éloignement n'ait pas été le premier choix de Thibault. Après une visite lors des portes ouvertes et une période de réflexion, Thibault a choisi l’Institut. Julien observe son fils avec recul, le voit apprendre le métier et grandir en maturité et en posture. Il est fier de le voir évoluer et attend de voir comment il se développera à la fin de sa formation. Il espère que Thibault repartira avec son diplôme et les valeurs de l'Institut, quel que soit ses choix par la suite.



Julien observe avec une attention particulière les ramifications étendues du réseau des anciens élèves, communément appelés Alumni. Pour lui, ce réseau dépasse largement la simple association d'anciens étudiants ; il représente une ressource inestimable, essentielle au développement professionnel et personnel de chaque diplômé.


« Quand tu sors de Mouchard, c'est une racine qui émerge de la terre ; désormais, le réseau Alumni est ce qui permet de former le tronc, les branches, de faire naître un arbre. » Cette métaphore traduit, selon lui, la croissance et l'expansion rendues possibles grâce à un réseau solide d'anciens élèves.


Se reconnecter avec ses origines procure à Julien une satisfaction profonde, lui rappelant que tout avait commencé à l'Institut. Il voit en chaque ancien élève un ambassadeur des métiers, partageant expérience et savoir-faire. 

Il s'interroge, l'école forme-t-elle uniquement pour le présent, répondant aux demandes actuelles des entreprises, ou anticipe-t-elle les besoins futurs ? Cette réflexion lui semble urgente pour adapter les méthodes d'enseignement et insuffler une vision novatrice aux entreprises.


INOVA-CAMPUS apparait à ses yeux comme un lieu privilégié pour confronter scénarios, visions, stratégies et moyens financiers. Les professionnels y exprimeraient leurs attentes, tout en découvrant des besoins insoupçonnés. Cette remise en question permanente est, selon lui, essentielle pour évoluer dans un monde en constante mutation. Bien qu'il existe un tronc commun dans chaque métier, il juge important de rechercher des transversalités, notamment à travers des partenariats avec diverses industries, la recherche fondamentale et d'autres secteurs d'activité susceptibles de les inspirer. Il note que les démarches qualité varient entre l'industrie et le bâtiment, nécessitant une approche adaptée pour chaque domaine.


Dans le domaine de l'enseignement, Julien prône une réflexion approfondie. Il observe que les professionnels, immergés dans leur quotidien, transmettent occasionnellement leur savoir. Le réseau Alumni pourrait ainsi devenir, selon lui, une communauté de professionnels partageant leurs connaissances, enseignant des unités de valeur, des modules, des compétences ou animant des master classes. Il voit dans les nombreux regroupements d'Alumni de grandes écoles le témoignage du potentiel infini de ces réseaux.


Julien estime que chaque membre du réseau, en fonction de sa carrière, doit pouvoir trouver des services adaptés à ses besoins, recherche d'emploi, opportunités d'affaires, ou encore transmission de son entreprise. Il juge urgent de définir ces besoins et de proposer des solutions innovantes et attractives. 

Pour lui, le réseau Alumni est un terrain vierge où tout est possible, mais pour éviter de se disperser, il est nécessaire de prioriser les actions. 

Ce projet deviendrait ainsi particulièrement attractif pour les anciens diplômés désireux d'œuvrer pour les générations futures.


En somme, Julien perçoit une dynamique collective, une force vive capable de transformer les métiers et d'influencer positivement les générations à venir. Pour lui, investir dans ce réseau, c'est contribuer à l'évolution et à l'excellence des métiers du bois et du bâtiment.


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